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Bière de Noël à écluser à Chazelles

La bière de Noël du moulin de La Rainette vient de sortir. Un brassin aux débouchés menacés par la crise sanitaire.

« Une base ambrée, une bière légère, délicatement relevée aux 7 épices », résume le brasseur chazellois Simon Rioux, pour dépeindre sa dernière-née, lancée mi-novembre. Sur les épices en question, on n’en connaîtra que 3 -coriandre, cannelle, anis étoilé-, car l’homme reste secret sur sa recette, modifiée par rapport à l’an dernier.

Simon Rioux en a brassé 1000 litres, dont 500 en fûts destinés aux cafés, hôtels, restaurants. « Toutes les commandes ayant été annulées de ce côté là, je me retrouve avec 25 fûts de 20 litres sans débouchés, ce qui, outre le manque à gagner direct, me bloque ces fûts et va sans doute m’obliger à en racheter ». Sauf évidemment à jeter ces 500 litres, puisqu’à l’instar du Beaujolais Nouveau, la bière de Noël est un produit fortement saisonnalisé, qui ne se vendra pas à la pression passé le 1er janvier.

Ce contretemps (qui ne se pose pas avec la moitié de la production mise en bouteilles), vient clore une année 2020 en dents de scie à la brasserie chazelloise, dont l’activité devrait s’afficher en retrait de 30% en valeur par rapport au prévisionnel, pour -20% en volume.

Passée la « sidération » du mois de mars, la saison aura néanmoins été sauvée par un bel été. Après le confinement du printemps, une clientèle locale et départementale a été au rendez-vous de la guinguette, ces deux mois de juillet-aout où la brasserie passe en mode consommation sur place et soirées concert. « Une bonne surprise dans le contexte Covid19, sans doute aidée par la météo » commente le brasseur qui pour sa part, ne s’est « pas du tout rémunéré cette année » et dont l’objectif à court terme « est de tenir dans cette mauvaise conjoncture ».

« On navigue à vue »

Bénéficiant régime de « commerce essentiel », la brasserie a pu continuer son activité pendant les phases de confinement. De quoi surnager, avec un niveau d’activité en avril-mai en stabilité annuelle, mais tout de même à -50 à 60% d’activité par rapport au business plan. Désorganisée dans son plan de production suite au 1er confinement, et après la bonne saison estivale, la brasserie a essuyé une rupture de stock fin août, si bien que septembre et octobre ont été mis à profit pour produire, permettant de reprendre la vente à emporter, « vitale pour une entreprise comme la notre ».

Pour autant, la crise sanitaire a également accéléré la diversification des points de vente : « Nous travaillons depuis avril avec plusieurs bars, restaurants mais aussi cavistes, qui eux sont restés ouverts ». Autre bonne surprise : « Nous avons été spontanément contactés au printemps par des supermarchés locaux, un canal de vente que nous n’avions pas forcément prévu à l’origine » indique Simon Rioux qui a découvert là des entrepreneurs engagés localement. « C’est le bon côté de la crise : pouvoir faire le constat d’une reconsidération générale des circuits courts chez les gens, d’un très bon accueil de nos partenaires et clients, d’une vraie solidarité locale ».

Les adeptes du soutien aux artisans locaux sont donc prévenus : il y a à Chazelles un stock de bière de Noël à sauver du caniveau ! Une bonne idée pour le réveillon, qu’un fût de Rainette pour les fêtes !

Pratique :
Vente au moulin les mardis et jeudis de 16 à 20 heures.
Les verres au nouveau logo « La Rainette » viennent d’arriver (6€ l’unité, 30€ les 6), ou packs de Noël (1 bière de Noël et 2 verres, 18€). Les fûts se louent avec une tireuse (location offerte à partir de 3 fûts). Contact : 06.72.92.35.51.

Une houblonnière au printemps

Sur son terrain, Simon Rioux compte développer aux beaux jours une mini-houblonnière expérimentale : « Juste de quoi faire 2 à 3 brassins de 150kg ». De quoi creuser la veine des ingrédients en circuits courts qu’il a initié début septembre en s’approvisionnant en malts auprès des Malteries de l’Ouest à Saint-Jean-d’Angély. « Les Rainette produites depuis cette date sont composées entre 80 et 100% de malts charentais » précise le brasseur qui complète certaines recettes avec encore un peu de malt britannique, ou de malt spécial belge pour les bases brunes. Et bientôt donc, avec du houblon chazellois !

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

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