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Maribel Laurin tire sa révérence !…

Après 40 ans au service de ses clients, de Chazelles et d’ailleurs, Maribel Laurin, 64 ans, a pris sa retraite cette année. En toute discrétion, à l’image de la femme qu’elle est.

Retraitée depuis mars, Maribel Laurin apprécie depuis rester chez elle…

Bien connue des Chazellois amateurs de plantes, Maribel Laurin est née Maria Isabel Gallardo le 26 juin 1959 à La Bastida au pays basque espagnol. Appelée à prendre du recul sur son parcours au moment où elle prend sa retraite, elle résume tout sourire : « Elégante, je ne sais pas, mais en tous les cas je suis fière de ma vie ! », en rapport au patronyme paternel signifiant « honnête, fier et élégant ».

Hanté par cette « longue chevelure brune »

Elle grandit dans cette bourgade basque « jusqu’à son mariage, la veille de nos anniversaires », à 24 ans à Vitoria, avec le Chazellois Jacky Laurin, né lui aussi un 26 juin, et avec qui elle file toujours le parfait amour, en un couple soudé par des valeurs communes de travail et de persévérance.

La rencontre s’est faite à Chazelles, alors que la Maribel lycéenne découvrait la Charente via des échanges scolaires avec le lycée Marguerite de Valois, et dont la correspondante angoumoisine était alors une fille Dubreuil, famille chazelloise historique.

A l’ancienne, les futurs mariés avaient été « packés » ensemble par la bande lors du mariage de la correspondante française… Sous le charme, « l’élément perturbateur » comme le nomme 40 ans plus tard en rigolant Maribel, allait ensuite décider de creuser l’affaire de cette fille à la « grande chevelure noire » de jai qui l’avait passablement marqué. Et de venir lui rendre visite régulièrement durant 2 à 3 ans.

Le choix de suivre l’époux en France

La jeune mariée alterne alors entre études qu’elle poursuivait en Espagne, et séjours chez son époux, qui venait de lancer son affaire d’horticulture. Elle est bien reçue par la météo : « Un mois après notre mariage, nous essuyons la première tornade de l’histoire de l’entreprise » se souvient-elle. « Jacky galérait dans les serres, j’ai commencé à donner un coup de main, et à m’impliquer petit à petit. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que je ne pouvais pas faire les deux : je ne connaissais rien aux fleurs ni à la comptabilité, mais j’ai appris de A à Z » se souvient-elle. Très vite la répartition des rôles s’impose naturellement : à Jacky la production, à Maribel la gestion administrative et comptable, et surtout commerciale: « Le matin, Jacky arrivait et me disait « Tiens, j’ai fait 100.000 cyclamen, tu me les vends ! » ». Nous sommes alors en 1985, et la petite Espagnole tourne alors résolument son regard vers une nouvelle patrie.

S’ensuivront 40 années de travail, menées avec ardeur et soif d’apprendre. Avec des découvertes parfois étonnantes: « C’est à partir du moment où nous avons osé dire à nos clients : « Venez nous voir car nous avons quelque chose à vous vendre! » qu’un commerce s’est vraiment mis en place » se souvient ainsi Maribel, appuyée aussitôt par son époux (ce qui est un peu une lapalissade, ces deux là étant toujours comme les deux doigts de la main…).

La cagouille charentaise devant la maison ? « C’est Jacky qui l’a choisie et c’est moi qui l’ai mise là ! ».

A l’origine pourtant, Maribel se destinait à une profession de journaliste, un rêve porté de ses 5 à ses 18 ans. Celle qui avait été en lycée français pour s’améliorer en une 2e langue vivante a néanmoins compris au moment de vouloir s’y inscrire, que les écoles de journalisme n’étaient pas à portée de la bourse parentale… Elle se rabat sur 4 ans de droit à l’Université de Burgos en Castille (1980-1984), dans la perspective de devenir avocate. Perspective qui se fracassera progressivement sur le destin chazellois.

Bonheur de commercer

Le commerce avec les Chazellois semble n’avoir été qu’une immense source de bonheur pour la jeune retraitée : « Le contact avec la clientèle m’a énormément appris. Ca m’a appris à connaître les gens, connaître la France à m’intégrer… Le commerce c’est avant tout un indispensable relationnel. Moi par exemple, jamais il me semble qu’un client m’ait emmerdé ! Le commerce t’apprend à affiner ta capacité de psychologie, on n’est jamais dans la force avec le client, on a quelque chose à lui vendre mais c’est toujours agréable » analyse-t-elle. « Les gens de Chazelles m’ont adoptée car je suis allée au-devant d’eux. Il ne faut pas attendre de se faire intégrer, il faut s’intégrer » appuie-t-elle.

C’est à partir du moment où on a dit aux gens « Venez nous voir car nous avons quelque chose à vous vendre! » que les choses se sont vraiment mises en place

Maribel Laurin

Quand on la titille sur ses qualités et défauts (exercice que personne n’apprécie tellement en général), Maribel Laurin se dirait persévérante, volontaire et appliquée. Et au titre des défauts, elle pourrait être trop planificatrice et têtue. « On peut dire que je suis bonne écolière, et que j’aime les choses bien organisées », résume celle qui rappelle au passage qu’elle a vécu jusqu’à ses 16 ans sous dictature franquiste. « Ca laisse peut-être des traces, à travers par exemple une certaine forme d’intransigeance sociale. Dans l’Espagne de ma jeunesse, on était formaté: il fallait avoir la force de se battre et on ne demandait rien. Il fallait travailler, être fier de ce qu’on est, il fallait bien représenter… Ici, on se plaint tout le temps! », sourit l’Espagnole de père militaire et n’ayant jamais droit aux Bourses.

Toujours Espagnole !

Même après 40 années de travail en France, Maribel Laurin est toujours sous passeport rouge et or. Elle remplit pourtant toutes les conditions pour devenir Française : « J’ai demandé la double nationalité en 1995, mais l’administration française m’a alors demandé de signer une renonciation à la nationalité espagnole, ce que je n’ai pas compris et refusé, n’en voyant pas la nécessité ». La procédure s’est enlisée, et ce n’est que plus tard que Maribel comprendra qu’il s’agissait d’un pur méandre administratif. Faible enjeu dans une UE désormais assujettie à l’acquis communautaire.

Maribel est officiellement TNS retraitée depuis le dernier jour de 2022, mais a rempilé 3 mois salariée pour clôturer proprement son dernier bilan. Lequel est au vert, comme les Serres désormais aux mains d’un repreneur capable de voler de ses propres ailes. Maribel et Jacky ne cessent de remercier encore tous leurs clients des 40 dernières années, en une sorte de leitmotiv « si c’était à refaire, je le referais ! ».

Et maintenant ? Projets de voyage ? « Pas notre objectif ! J’ai très apprécié de rester chez moi cet été ! ». La Chazelloise avoue que « ce qui me plairait, c’est de prendre les chemins » concède-t-elle au passage sans que le projet n’ait pour autant jamais eu l’air de faire l’objet d’un début de concrétisation…

Ce qui est éminemment plus concret, c’est que la famille est plus que jamais une priorité pour les jeunes retraités, qui ne demandent qu’à passer leur temps désormais libre avec leur 3 petits-enfants, dont 2 à La Rochelle et un à Bayonne…

Une « très bonne maman »

Katia Laurin est la fille de Maribel et Jacky. Elle nous raconte sa maman avec des mots fortement empreints d’un amour filial immodéré.

Katia Laurin décrit sa maman.

Fusionnels.- « Ils sont mariés depuis 40 ans et ce sont toujours des ados ! Je ne les ai jamais vus s’engueuler, ils s’aiment comme au 1er jour. Mon père fait son Espagnol, ils sont fusionnels, ils mangent tous les midis ensemble, ils sont partout toujours ensemble, on ne leur connaît pas d’amis séparés. ils restent très libres tous les deux, aucun ne l’emporte sur l’autre. Si l’un trépasse, l’autre suit direct ! ».

Amoureux comme des ados 40 ans plus tard…

Parents.- « Mon frère et moi n’avons jamais souffert de leur temps donné à l’entreprise, on savait quand il y avait les rushs annuels (mai, Toussaint, Noël), mais ils nous emmenaient toujours au foot, etc. Ils se sont toujours bien répartis les rôles entreprise/famille, et quand nous avons eu nos enfants, ils ont toujours été présents en tant que grands-parents pour nous soulager. Ils ne nous ont jamais chargé avec l’idée qu’on allait reprendre l’entreprise, ils nous ont laissé choisir notre voie ».

Intégration.- « Elle est devenue très française, elle a pris les moeurs, elle adore Chazelles, elle y est acclimatée ».

Qualités.- « Une personne très loyale. Une très bonne maman et grand-mère. Quelqu’un de pétillant, qui met ses enfants et son mari avant tout. Souriante, elle adore écouter les gens, n’est jamais dans le jugement, c’est une personne de bien, qui donne beaucoup pour les autres. Très fiable, fidèle, volontaire et rigolote ».

Défauts.- « Trop exigeante. Sa loyauté à mon père fait que des fois, elle s’oublie un peu, même si ça s’atténue avec l’âge. Trop protectrice, exclusive avec sa famille ».

Si Maribel était un animal.- « Ce serait un chien labrador ».

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

2 réponses sur « Maribel Laurin tire sa révérence !… »

C’était la correspondante de ma grande sœur et elles sont restées amis par la suite pendant toutes ces années et je me souviens très bien elle était déjà très agréable à cette époque, très souriante on l’avait bien acceptée dans notre famille. C’est une personne très gentille et son métier lui allait parfaitement.
Bonne retraite à toi Maribel profites en avec toute ta petite famille.
Dany

Magnifique article sur une très belle femme !!! Bonne retraite Madame, reposez-vous bien et profitez !!!!

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