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Claudette Fuzeau vient secouer Chazelles

La comédienne deux-sèvrienne Sandrine Bourreau se produira dimanche soir à la Gare, au lendemain d’une représentation à La Couronne. Elle jouera son personnage de Claudette Fuzeau, qui semble l’habiter depuis 25 ans.

Elle se définit d’emblée « comédienne depuis mon plus jeune âge » : à 42 ans, Sandrine Bourreau a certes « découvert un peu sur le tard que je pouvais prendre de la place sur scène », mais semble s’être bien rattrapée depuis.

Le tournant est intervenu en 1996, alors que la jeune femme de 27 ans à l’époque est en stage de « comédien narrateur » dans le cadre du festival Nombril du Monde de Pougne-Hérisson. Aiguillonnée par le fondateur du festival Yannick Jaulin, elle créé alors pour les besoins de son stage le personnage de Claudette Fuzeau, inspirée de sa grand-mère maternelle. « Je me suis surprise à mettre de vieilles robes, j’ai pris son bon sens paysan, son humanisme, ses valeurs et sa voix rauque… J’aime à dire qu’elle a une poignée de terre dans la goule !» s’exclame l’artiste.

Claudette « donne du bonheur aux gens »

Samedi soir à La Couronne, Claudette Fuzeau déclinera sa « Croisade du bonheur » : agricultrice à Guénay, Claudette a un jour découvert son don pour magnétiser les mogettes de façon à ce que celles-ci fournissent du bonheur à leur détenteur. Elle part alors dans des péripéties avec le public, qui devient récipiendaire de ses mojettes magnétisées.

« Comme Claudette distribue en mains propres, je me suis retrouvée avec un problème logistique au moment de la pandémie » explique alors en aparté Sandrine Bourreau. « Mais Claudette a vite trouvé un subterfuge en incorporant les mogettes au sein d’un gel vibroalcoolique, son fameux « baume to be alive » ».

A Chazelles dimanche soir, Claudette Fuzeau improvisera sans doute un peu plus face au public, la représentation s’étant calée nettement plus au débotté qu’à La Couronne (lire l’encadré « Une représentation au débotté! ») où Sandrine Bourreau a passé plus d’une semaine préparatoire à la rencontre des agents et publics fréquentant le CSCS. « A la façon d’un ethnologue ou d’un sociologue, je vais toujours à la rencontre des gens, et j’écris tout le temps de ces rencontres ».

Après beaucoup de temps passé au sein de troupes de théâtre itinérantes en France, Sandrine Bourreau se laisse depuis 25 ans totalement habiter par sa simili-grand-mère Claudette, qui occupe aujourd’hui environ 40% de son temps artistique. Ayant trouvé dans le « one-woman show » son style de prédilection, la comédienne laisse parfois s’échapper d’elle son personnage, même dans la vie quotidienne.

« Je m’identifie à elle, je me réfère tout le temps à elle. Elle dit des choses que je ne suis pas capable de dire » lâche-t-elle. Cette dualité permanente confinant à la schizophrénie légère est revendiquée par la Deux-Sèvrienne comme « un élément fondamental de mon jeu d’acteur », celui de l’absence de demi-mesure. « Un enfant, quand il joue aux cowboys et aux indiens, il EST le cowboy ou l’indien. C’est pareil avec Claudette ».

Copine de Thomas Pesquet et du dalaï-lama

« Très connue », Claudette Fuzeau « n’a pas d’âge » et se décline sous différentes formes et mises en scène. A l’occasion, elle va jusqu’à accompagner sa petite-fille quand celle-ci intervient en tant que thérapeute d’entreprise. « Elle a aussi travaillé au service de femmes en recherche d’emploi, est intervenue à un colloque de psychiatres-psychanalystes…

Claudette connaît bien Aimé Jacquet, Laetitia Hallyday, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Elisabeth Morin-Chartier et bien d’autres ! Thomas Pesquet a emporté avec lui dans l’ISS le fameux « baume to be alive » de Claudette, laquelle s’est même retrouvée en tête à tête avec le dalaï-lama à la foire de Niort ! » affirme l’artiste, réussissant à insuffler le doute.

Derrière ce rapport charnel de l’artiste avec son personnage, c’est évidemment le destin de la lignée maternelle de Sandrine Bourreau qui transparaît. Une histoire de secret de famille que la comédienne est allée un jour chercher auprès de son aïeule. L’histoire d’un « fantôme » caché dans le passé familial, l’histoire d’une époque où « droit de cuissage », « enfant mort à 2 mois », « mariage sans amour » et « fratrie de 6 enfants » sonnaient assez banalement.

Outre l’engagement viscéral de l’interprète, il en ressort une œuvre comico-nostalgique teintée de féminisme, de générosité et d’altruisme.

Une représentation au débotté !

En résidence d’artiste à Chazelles, Sandrine Bourreau s’est vue happée par le dynamisme redoutable d’efficacité de Patricia Dericoux.

Sa prestation chazelloise de dimanche soir est un peu comme une passagère clandestine de celle de samedi soir au centre social, culturel et sportif de La Couronne, qui a invité Claudette Fuzeau sur les planches en clôture -après des conteuses la journée et un concert dessiné en début de soirée- d’une journée anniversaire pour les 31 ans de son site actuel (et pour célébrer son nouveau nom : « Le Colibri »).

Sandrine Bourreau est ainsi déjà venue une semaine sur place en juin, pour préparer le spectacle, ce qui pour elle veut dire « aller à la rencontre des gens ». Parce qu’elle tenait à fournir à l’artiste un logement agréable, la directrice du CSCS couronnais a alors sollicité l’association La G’Art, dont elle savait qu’elle proposait une offre de résidence d’artistes dans un cadre bucolique, qu’elle connaissait en tant qu’habitante de Saint-Germain-de-Montbron utilisatrice de la Coulée d’Oc.

Sympathisant avec Patricia Dericoux et son épouse qui l’épaule sur l’association, la comédienne a spontanément proposé que Claudette Fuzeau fasse son sketch à l’apéro pour les amis de la structure. « En lançant ça, j’imaginais une dizaine de personnes, et là les filles me disent maintenant qu’elles attendent jusqu’à 300 personnes ! » s’étouffe Claudette.

Terrienne itinérante mais enracinée

Née sous le signe du Taureau, Sandrine Bourreau se définit comme « une terrienne enracinée dans les Deux-Sèvres », qui malgré des années d’itinérance en tant que comédienne, « se sent déracinée dès que je vais un petit peu loin ».

Interrogée sur ce qu’elle estime constituer ses 3 principales qualités et ses 3 principaux défauts, elle répond : « Au titre des qualités, j’aime bien le bon vin rouge, je trouve que mon mari est vraiment très beau et je suis sympa. Sur les défauts, je suis grande gueule, je vais souvent plus vite que la musique et je fume ».

Très à l’aise seule sur scène, la comédienne a développé d’autres personnages comme Odile Glucksmann-Meyer, coach de profession, qui lui sert pour des interventions en entreprise. Elle planche actuellement sur une énième forme de Claudette, avec un musicien soliste. Mais aussi sur une autre oeuvre où Claudette n’a pas le droit de cité. « Une pièce adaptant « 14 mm », une nouvelle de Catherine Michaud narrant sa victoire sur le cancer. Un sujet grave mais tourné comme une ôde à la vie, sans pathos ni misérabilisme… On y vit, on y mange, on y baise !… ».

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

2 réponses sur « Claudette Fuzeau vient secouer Chazelles »

Oh la la 😉je suis triste de rater cette représentation je connais son spectacle vu plusieurs fois et cela aurait été avec grand plaisir de la revoir. 😃

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