Chazelloise depuis juillet 2020, la cinéaste Marie Garel-Weiss présentera le mardi 27 juin en avant-première au cinéma de la Cité à Angoulême son dernier film, une comédie avec Daphné Patakia, Benoît Poolvoerde, Agnès Jaoui et Raphaël Quenard qui sort le 19 juillet en salles.
« Sur la branche » est le 3e film de Marie Garel-Weiss, et il pourrait être promis à de meilleures entrées en salles que les deux précédents, « La fête est finie » tourné en 2017 à Paris et Lyon, et « Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques? », tourné en 2021 à Chazelles et Paris.
« Ca parle d’une fille qui a un petit problème psychologique, qui a passé le barreau mais ne peut pas exercer à cause de son trouble, et qui rencontre un ténor du barreau devenu véreux qui l’embarque dans une affaire un peu véreuse elle aussi. C’est une comédie sur deux personnages qui marchent un peu de traviole et qui vont se remettre droit ensemble », résume la scénariste-réalisatrice, qui a co-écrit avec Benoît Graffin (lequel écrit notamment avec Pierre Salvadori). Tourné entre mai et juin en Bretagne et à Paris, le film sort en salles le 19 juillet en France et en Belgique, après de multiples avant-premières au festival de Cabourg, de La Baule, à Rennes, Grenoble et ailleurs. Et à Angoulême donc, le 27 juin à 20h30 au cinéma de la Cité de la BD.
Distribution exceptionnelle
Le casting a visé plein d’actrices capables de jouer un personnage dont la situation mentale confine à la bi-polarité: « On a donc rencontré plein d’actrices superbes, mais Daphné, que je ne connaissais pas, s’est imposée d’un coup comme une évidence », explique Marie Garel-Weiss qui a par ailleurs fait jouer son réseau pour décrocher Benoît Poolvoerde: « Sa femme est une amie ». Quant à l’idée de le mettre en couple avec Agnès Jaoui, la cinéaste se félicite de la construction d’un couple d’acteurs « n’ayant encore jamais existé et dont j’étais étonnée qu’il n’ait pas existé avant, car je trouve que ça fonctionne hyper bien ». Les deux pointures ont finalement accepté, après avoir lu le scénario.
Pas spontanément directive et peu concernée par l’ivresse sociale de la gloriole cinématographique, la cinéaste reconnaît un franchissement de cap en matière de distribution, et admet un tournage pas toujours facile : « C’est très intimidant de diriger des gens qui sont aguerris, qui ont plus d’expérience que toi, qui connaissent plus de choses que toi -Agnès Jaoui est aussi scénariste et réalisatrice-, c’est moins simple. Mais c’est mon problème, il faut être costaud ».
De ce film, Marie Garel-Weiss éprouve une continuité dans son parcours d’artiste. Elle espère évidemment que les gens aillent le voir, afin de lui donner du carburant pour la suite de la filmographie, qu’elle revendique comme « très éclectique », avec des envies prononcées autant pour la comédie que pour le film d’horreur… Sans s’enfermer dans un sillon.
Cinéma et écriture legs familial
« Quand j’étais petite, ma grand-mère me disait que je ferai du cinéma, c’était une sorte de prophétie familiale. D’autant que j’avais un grand-oncle, Marcel Weiss, qui a été un grand chef opérateur (notamment pour Max Ophüls), et qui planait comme une légende, car la famille n’a pas brillé par son succès. J’avais une autre grand-mère qui écrivait, même si elle ne voulait pas publier. Il y avait dans ma famille un truc sur les gens doués mais qui n’y arrivaient pas dans la vie, ceux que j’appelle mes « ratés magnifiques » confie Marie Garel-Weiss.
« L’écriture scénaristique n’est pas forcément littéraire. Moi au début quand je faisais des scénarios, j’étais contente car les gens disaient « elle écrit bien », mais en fait ce n’était pas un compliment. Le scénario c’est vraiment un objet. C’est comme un plan pour une armoire Ikea. C’est de l’imagination aussi, c’est cette partie là que j’aime : la gamberge, comment il faut tout goupiller scénaristiquement, comment t’es catastrophé parce que cela ne va jamais marcher et puis comment deux jours après tu trouves un truc, l’amour du détail, comme des Playmobil que tu mets dans un décor, c’est assez truculent ».
On ne change pas disait Céline Dion. Dans la version Garel-Weiss, ce serait « On fait toujours un peu les mêmes trucs », dans tous les cas, on reste marqué par son propre parcours: « Comme mes personnages, j’ai eu pas mal de problèmes dans ma vie perso. J’ai dû lutter pour arriver à bosser comme les autres, et le hasard, la chance, sans doute aussi une forme d’opiniâtreté, ont fait que j’ai commencé à écrire pour les autres puis à faire un film, grâce à une productrice qui m’a fait confiance ».
Une confiance que Marie apprend avec le temps à s’accorder peu à peu à elle-même, même si elle n’est pas encore une dirigeante dans l’âme : « Les tournages, ce n’est pas ce que j’aime. Je trouve ça compliqué: il faut être la chef, ce rapport à la chef, il faut savoir alors que moi je doute énormément. J’adore le collectif, et j’adorerais qu’on se pose tous le matin en brainstormant sur ce qu’on fait de la journée et comment. Mais le cinéma reste un univers très pyramidal: il faut arriver en chef, il faut diriger, il faut savoir. J’en souffre. Et je souffre aussi de vouloir veiller à ce que tout le monde m’aime bien. Je dépense beaucoup d’énergie à ça ! ».
Filmographie
Marie Garel-Weiss, scénariste et réalisatrice, a écrit et réalisé 3 films. Elle a vécu à Chazelles de juillet 2020 à juillet 2023.
21 mai 1974 : naissance à Versailles.
2017 : « La fête est finie » tourné à Lyon et Paris, qui a fait beaucoup de festivals, et pour lequel les comédiennes ont reçu des prix d’interprétation à Saint-Jean-de-Luz, Sarlat et à l’étranger. Ce n’était pas une comédie et racontait le parcours de deux jeunes toxicomanes qui se rencontraient dans un centre et qui finissaient par s’en sortir ensemble, contre toute attente. « Un truc d’amité, un thème récurrent chez moi ».
2020 : « Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques? », téléfilm tourné à Chazelles pour Arte, avec dans le rôle-titre Vincent Deniard qui a reçu le prix d’interprétation au festival de La Rochelle, et Maud Wyler. « Tout le monde dit que c’est mon 2e film, ce qui m’attriste un peu parce que pour moi, le film qu’on a fait en Charente pour Arte, pour moi c’était vraiment un film d’un point de vue artistique et logistique.
Comment naît l’idée de tourner localement ? « Des paysages ici, des lumières particulières… Ce scénario qui parlait d’un vieux garçon qui viait chez son père à la campagne, qui ne voulait pas être délogé de là, qui allait être extirpé de son monde en un déchirement. Et je me disais qu’il pourrait très bien habiter ici, le gars ».
Impressions post-tournage ? « Tournage super, gens de Charente chouette, gens de Chazelles adorables. Tournée chez les filles, sur la place chez un particulier à St-Germain… Ca n’a pas forcément créé de grands liens, on venait d’arriver, les gens semblaient contents, mais j’ai compris maintenant que le Charentais il lui faut du temps avant de se détendre… A contrario, aucune acrimonie ressentie, juste le constat qu’ici, il faut du temps pour s’apprécier ».
2022 : « Sur la branche » tourné en Bretagne (Saint-Malo, Dinard, Rennes) à Paris. Mimi a presque trente ans et rêve toujours à ce qu’elle pourrait faire quand elle sera grande. Alors qu’elle se décide à chercher du travail, elle fait la connaissance de Paul, un avocat sur la touche. Ensemble ils vont tenter de défendre Christophe, un petit arnaqueur qui clame son innocence. Si Paul voit dans cette affaire un moyen de se refaire, Mimi y voit, elle, une mission, un chemin vers la justice et la vérité.