Après bientôt 24 ans à servir les Chazellois, le boucher Didier Morelieras s’apprête à céder son affaire. Portrait d’un homme affable et discret.
Au-delà du commerçant, l’homme reste méconnu de nombre de ses clients. Et pourtant, Didier Morelieras se caractérise avant tout par son sens de la clientèle. D’ailleurs, malgré la présence de son épouse, il reste au poste quand « Charente Libre » le fait parler, interrompant l’interview pour passer derrière la vitrine quand la demande se manifeste. Saluant tout le monde en entrée et en sortie. Bref, Didier Morelieras a la qualité primordiale du commerçant, et reste, malgré ses apparences de grand timide, un homme du lien : « De nombreux clients sont devenus des amis » considère-t-il. Interrogée entre deux côtelettes sur les 3 principales qualité de son époux, Martine Morelieras plussoie : « droit, accueillant, aimant sa clientèle ».
A l’image du développement de son activité, qui s’est diversifiée au fil des ans pour finalement devenir un « boucher-charcutier-traiteur-presse-tabac-épicerie-dépôt de pain-café », Didier Morelieras est un homme de paradoxes insoupçonnés. Fondamentalement enraciné dans le local, la vallée du Bandiat, de Varaignes (où il est né) à Chazelles en passant par Souffrignac et Saint-Germain-de-Monbron, il fut aussi un homme du global, passant ses vertes années professionnelles entre Paris et Hauts-de-Seine. Travailleur indépendant depuis près d’un quart de siècle, parti de la maison à 16 ans, il remercie pourtant encore chaque semaine sa mère de lui faire son ligne. Avouant son « envie de tourner la page », il est encore au poste bientôt un an et demi après sa possibilité de prendre sa retraite…
Vocation précoce
Son métier ? Une vocation : une marraine épicière, des grands-parents fermiers avec qui il mettait la main à la pâte au moment de saigner le cochon… « Ma grand-mère disait toujours que je serais un bon boucher mais pas un bon boulanger ! » se souvient celui qui adolescent se destinait d’emblée aux métiers de bouche, avant que l’entregent familial ne le pousse vers les boucheries parisiennes. Clin d’oeil du parcours, l’homme devance l’appel et fait son service dans la capitale des rillettes, au 2e RIMA du Mans, ville dont est également originaire celle qui deviendra son épouse, rencontrée dans une discothèque parisienne…
Au moment de passer la main (après l’échec d’une première piste locale, des restaurateurs dordognots sont en train de négocier l’affaire…), Didier Morelieras ne regrette rien. Interrogé sur ses souvenirs les plus marquants, il cite la tempête de 1999 « deux ans après l’installation, où tout le stock a été perdu faute d’électricité pendant plusieurs jours », l’arrivée de la presse et du tabac « qui a généré un surplus d’activité », le contact avec les clients « même si ça prend une tournure un peu plus désagréable ces dernières années, avec les tracas financiers des uns et des autres ». A peine se souvient-il des 4 à 5 tentatives de cambriolage qu’il a essuyé.
Sur ses journées de futur retraité, l’artisan semble encore loin d’appréhender concrètement le vide que laissera le travail : « Je ne fais pas grand chose en dehors du boulot ! A part un peu de golf, que j’ai commencé il a 5 ans à Ecuras mais que je n’ai pas trop le temps de pratiquer, et sortir mes chiens… ». Pour autant, les pistes devraient vite surgir : « Renouer avec la famille et la belle-famille, à Montpellier et au Mans, et sans doute voyager… ».