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L’artiste touche-à-tout a pris sa clé à Chazelles

Arrivée au Luquet mi-novembre avec son époux Franck Baillot, Christine Gravé est une artiste plasticienne touche-à-tout. Elle compte ouvrir son atelier d’artiste d’ici l’automne.

La vague Covid19 de Franciliens en quête d’espace et de verdure continue de se déployer à Chazelles. Ensemble depuis 10 ans à la ville, la sculptrice-peintre Christine Gravé et le praticien en shiatsu Franck Baillot comptent ouvrir un espace associant son atelier à elle et son cabinet à lui. Ils ont quitté Champigny-sur-Marne, après avoir vendu leur maison en 10 jours, et sont tombés sous le charme d’une grange charentaise rénovée avec soin il y a quelques années par Grégory Lavie au Luquet.

L’artiste Christine Gravé, le praticien en shiatsu Franck Baillot et l’oeuvre « Jamais seul », chez eux au Luquet, où ils projettent un cabinet-atelier.

« Il s’agissait avant tout d’un rapprochement familial » explique l’artiste qui a une belle-sœur à Touvre, une belle-nièce à Bouëx et une sœur qui va bientôt se poser à Charmant en provenance de Guadeloupe. « Mais surtout, nous cherchions une maison où nous pouvions travailler ensemble » explique Christine Gravé, elle-même initiée à la pratique de la réflexologie faciale et du massage de bébés, et jugeant intéressant de mélanger arts et soins.

Le travail de la plasticienne apparaît au néophyte comme très abouti artistiquement. Christine Gravé a déjà un beau bagage de création et une cinquantaine d’expositions derrière elle, y compris à l’étranger (New York, Saint-Pétersbourg…). Mais elle n’accroche pas tellement avec le « système » des galeries d’art, et dit « travailler la matière avant tout pour moi ».

Christine Gravé est une artiste du recyclage d’objets. Terre, peinture, céramique sont ses matières de prédilection, auxquelles elle ajoute complaisamment métal et bois, souvent patinés en des effets bluffants. « Depuis 10 ans, je travaille énormément autour de tout ce qui a trait aux vieilles clés. Les clés ont déjà une histoire, et moi j’en raconte une autre. Elles ont plein de choses à raconter et moi je les remets en scène » détaille l’artiste, alors que nombre de petits bonshommes à têtes de clé nous regardent depuis les meubles alentours…

Christine Gravé explore le thème de la clé depuis 10 ans…

Avant les clés, Christine Gravé était déjà passée par d’autres phases, aujourd’hui archivées : écriture, calligraphie arabe, visages féminins masqués… « J’ai plein de choses en tête, je regarde en permanence…» explique celle qui semble résolument avoir envie d’ouvrir un nouveau cycle : « J’ai l’envie de retravailler, l’envie d’être dans mon atelier, de recréer des techniques, de réapprendre à être une petite fille… J’en ai besoin, ça me manque énormément » explique Christine, qui compte bien aussi aller au contact des Chazellois.

Celle qui dit « avoir beaucoup de mal à faire la différence entre les métiers d’artisanat d’art et les artistes » reste fière de l’association Plu’Arts qu’elle a fondée et dirigée 10 ans à Champigny, dont l’objet était de créer des rencontres entre ces deux populations et le grand public. A Chazelles, Christine Gravé ne compte pas recréer de nouvelle association, mais plutôt s’inscrire dans le travail de celles existantes.

Louant un « accueil très franc des Chazellois, avec une belle chaîne de rencontres permettant une intégration facile », Christine a déjà noué des accointances locales utiles à son art, tant en amont (le récupérateur Eric’uptout, qui saura certainement assurer le sourcing en vieilles clés ou autres objets divers à recycler) qu’en aval (l’association La G’Art, qui vise à promouvoir les arts en milieu rural, et qui a déjà sûrement en tête une exposition des bonshommes à têtes de clé !).

« Mon atelier permettra certes de regarder et de découvrir des œuvres, mais il sera aussi un lieu pour discuter et rencontrer, monter des ateliers d’écriture… » invite la sculptrice qui avoue son souhait également de travailler avec les enfants des écoles.

Une renaissance charentaise

L’artiste changeant résolument d’environnement, son art changera-t-il de physionomie ? Après une carrière de 41 ans en tant qu’administratrice de laboratoires à l’Université de Créteil, pour qui elle a « travaillé jusqu’à mi-décembre», Christine Gravé vient à Chazelles dans l’esprit de vivre finalement pour son art. « Il y a 7 ans comme j’exposais pas mal, et que j’étais sollicitée par les galeristes, j’avais failli arrêter de travailler pour sauter le pas d’une professionnalisation » explique-t-elle. Las, ses parents «- modestes, généreux et aimants »- tombent alors malades, et elle se met à s’en occuper. Un épisode douloureux de son existence, qui lui fait renoncer à l’appel des cimaises. Et même à son art plus tard, quand finalement la maladie l’emporte sur ses soins quotidiens. « En 2016, ils sont décédés tous les deux, depuis je n’ai pas pu recréer » confie pudiquement Christine Gravé, qui compte bien renaître en tant qu’artiste auprès des vastes chaumes du Luquet.

L’artiste néo-chazelloise a beaucoup exploré la calligraphie arabe naguère, en travaillant sur la patine et le rendu de ses toiles.

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

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