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Mise aux normes des stations-service : Chazelles raccrochera, Pranzac demeurera?

Le gouvernement a promis un délai de 3 ans aux stations à essence pour une mise aux normes européennes, prévue initialement au 1er janvier prochain. Si cela laisse aux « petits » pompistes ruraux un peu plus de temps pour s’organiser , cela n’empêchera pas certains de raccrocher à terme le pistolet d’un service depuis longtemps non rentable. Franck Gadon dit vouloir maintenir l’activité « tant que l’outil de travail suit ».

Une bonne nouvelle ce report de la mise aux normes ? « Oui et non » résume Franck Gadon à Chazelles. Le plus c’est qu’il restait un mois pour la mise aux normes, sans décrets d’application encore publiés nulle part, et donc sans spécifications techniques précises sur le niveau de sécurité requis. « Même si on a pu faire réaliser des devis sur la foi des grandes lignes de la réglementation européenne, nous n’avons pas encore les moyens de savoir comment ces obligations seront transposées en France » résume le pompiste. Il a demandé à son fournisseur, le réseau Elan, filiale du groupe Total, ce qui allait se passer en cette fin du mois de décembre : «Il m’a assuré qu’il continuerait à livrer comme d’habitude pendant les 3 ans».

Absolument pas rentable

C’est par souci du service que Franck maintiendra l’activité tant qu’elle ne nécessitera pas de gros investissement matériel. Car l’essence, contrairement à ce qu’on peut croire, ne rapporte pas un sou à ces petites stations rurales aux volumes insuffisants. «L’essence est surtout une activité qui mobilise beaucoup de trésorerie, aux alentours de 3 à 4.000 euros. Ca a un coût et en face, les recettes sont moindres. Quand je vends 25 euros de carburant, je fais autant de marge qu’avec une boîte d’asticots !».

Sans dévoiler ses chiffres, l’activité essence à Chazelles coûte 92% de ce qu’elle rapporte, sans inclure les charges financières fixes (amortissement des infrastructures, taxes sur l’activité…). Ces dernières absorbent toute la marge. «Je ne fais ça que pour rendre service, pour fidéliser aussi…» proclame le commerçant en conclusion, rappelant au passage que sa responsabilité de gérant d’entreprise pourrait être attaquée en cas de mauvaise gestion financière. «La trésorerie on court tous après en ce moment…».

A Pranzac sur la route de Montbron, Jean-Louis Lac ne dit pas autre chose que Franck Gadon sur la non-rentabilité de l’activité essence. Sa chance à lui est qu’une bonne part de ses installations est aux normes, «notamment deux cuves sur trois qui sont déjà à double paroi». Il a hésité avant de savoir quel parti adopter. «J’ai fait chiffrer, j’en ai quand même pour 55.000 euros pour rester sur deux produits» annonce-t-il. «Sans subvention, et avec un retour sur investissement à zéro» tient-il aussitôt à préciser.

Jean-Louis Lac affiche une station un peu plus vaste que celle de Franck Gadon. Concessionnaire Peugeot, l’homme profite aussi de l’appoint d’une clientèle de passage sur la D699. Tout comme Franck, il compte une bonne trentaine d’entreprises locales en compte. «Je suis un rural, je tiens à de l’activité ici. Garder l’essence, ça n’amènera pas de clients, mais ça évitera un peu d’en perdre…» explique Lac. Il confiera son chantier à Totem France «dans le courant de l’année prochaine», il faudra alors compter avec une semaine de travaux.

Consommation d’appoint chez Seuil Charente Périgord

Trois ans après son ouverture, le «service public de l’essence» de Seuil-Charente-Périgord, pompe à essence automatique entre Feuillade et Marthon, écoule entre 25 et 30m3 par mois. Vu son âge, elle est évidemment aux normes, mais n’existe par essence qu’en réponse à ce phénomène de disparition des pompes rurales. «Cela reste un service d’appoint» reconnaît Patrick Borie, président de la CdC qui rappelle que «la station essence a été l’équipement qui nous a le plus été demandé pendant 10 ans !». Après construction des murs par la collectivité, elle a été confiée en gérance à un commerçant de Marthon. Emmanuel Glangetat verse ainsi 250 euros de loyer mensuels et a toute la gestion à sa charge. «Nous sommes motivés pour maintenir ce service, toujours en délégation auprès du privé» explique l’élu.

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

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