Quadruplé gagnant pour La Rainette !

Au salon international de l’agriculture à Paris, la brasserie chazelloise a remporté lundi soir pas moins de quatre médailles au concours général agricole, dont deux en or !

Depuis lundi soir, 20 heures, l’effervescence n’est toujours pas retombée au moulin du bourg ! « On était comme des ados qui viennent d’avoir leur bac avec mention: sentiments de fierté et d’émotion mêlés. Il faut savoir qu’il y a eu seulement 4 brasseries dans toute la France qui ont eu deux médailles d’or à ce concours et non des moindres : La Science Infuse de l’Université de La Rochelle (qu’on adore), La Goudale dans le Pas-de-Calais et la brasserie de Bouffay à Nantes. Nous de notre côté, on espérait peut-être avoir une médaille de bronze et ce résultat dépasse toutes nos attentes : 4 bières médaillées sur 6 présentées, c’est complètement dingue sur un concours aussi exigeant. On ne réalise pas du tout » commente ainsi Simon Rioux, le brasseur, qui partage volontiers sa joie avec sa compagne Julia Lafond et son salarié Matthieu Rimbaud.

« Quand tu vois les bières qu’on avait en face, les mecs sont à 50.000hl ou plus, La Goudale c’est 300.000hl. Ca donne de l’espoir à tous les petits artisans pour montrer qu’ils ont des produits de qualité ».

Simon Rioux

D’ici quelques semaines, la brasserie artisanale qui revendique haut et fort son statut familial avec une production cantonnée à 350hl annuels pourra donc apposer sur ses flacons non pas une, mais bien 4 petites feuilles de chêne symboles de l’élite des produits de bouche à la française : en or sur la blonde et sur la brune, et en bronze sur l’ambrée et l’imperial stout (« Ugol » de son nom commercial).

Une distinction qui récompense une constance certaine, tant la bière chazelloise s’est métamorphosée depuis sa reprise il y a maintenant un lustre : « En partant en 2018, on s’appuyait déjà sur une gamme solide, et on a poussé notre technique brassicole le plus loin qu’on pouvait, pour proposer un produit le plus qualitatif possible ».

Après des investissements importants en matériel lors de la reprise, avant un recours assumé à un consultant brassicole pour affiner la technique, les process étaient montés en puissance ces derniers mois : recrutement de Matthieu Rimbaud en janvier 2021, conversion en bio à partir de 2022, « avec des céréales récoltées et maltées artisanalement en Poitou-Charentes », précise Simon Rioux qui met en avant « cette vraie intention de sourcer localement ». Dernier avatar en date : l’embauche en novembre dernier d’un apprenti commercial issu de la Cifop chargé de développer la communication.

« L’année 2022 avait déjà été intéressante en termes de reconnaissance puisque nous avons été labellisés artisans gourmands par la chambre de métiers et de l’artisanat au printemps dernier, à l’occasion des Gastonomades, ce qui répond déjà à un cahier des charges assez strict » narre Simon Rioux.

« On ne mesure pas la portée de ces récompenses là, et du coup, on ne sait pas encore où ça va nous mener. En fait c’est un nouveau voyage qui commence ».

Julia Lafond

Une dynamique qui a réveillé son esprit de compétiteur : « Il nous aura fallu 5 ans pour nous sentir prêts à concourir, et on s’est dit que tant qu’à se confronter, autant le faire dans le concours le plus prestigieux en France ». Et c’est peu de dire que le résultat honore Chazelles : « La blanche et la blanche citra ont été très appréciées par le jury, mais sans médaille, ce qui nous laisse une marge de manoeuvre pour la prochaine fois » sourit le brasseur, qu’on sent presque prêt désormais à aller taquiner les World Beer Awards.

Tandis que Julia Lafond laisse également échapper une certaine envie de reviens-y en se disant partante pour présenter au concours des références plus exotiques de la maison, telle la bière fumée. « Nous avons fait le choix de ne pas présenter toute notre gamme cette année, car elle n’était pas entièrement encore convertie en bio, ce qui sera le cas l’année prochaine et pourrait nous inciter à concourir de nouveau » reconnaît-elle.

Et maintenant ? « Ca ne change rien pour les consommateurs, c’est simplement de la reconnaissance d’un travail de qualité, un peu plus de visibilité pour nous, et la responsabilité de poursuivre notre quête d’exigence » assume Simon Rioux.

Pour l’avenir, le brasseur annonce l’arrivée dès le mois prochain des formats 33cl, qu’il envisageait dès le début de son aventure lors de la reprise de la brasserie. Et de promettre également dans la foulée « une petite nouvelle bière surprise qui doit arriver en début d’été ». La grenouille chazelloise n’a pas fini de courir les concours !