L’expression prononcée par un de ses fils résumé assez bien ce personnage truculent à la verve marseillaise, ancré en Val de Tardoire depuis plus de 20 ans, dévoué à l’animation socio-familiale et au football.
« J’ai la chance d’avoir une belle vie, assez heureuse… » se contente de répondre Hervé Appiotti quand on lui demande de nous la résumer. Né et élevé à Marseille, l’homme est arrivé en 2002 en Charente avec son épouse Sigrid qui venait d’être mutée en Charente. « Nous avions alors envie d’ailleurs, et le Sud Ouest nous tentait bien ». Le couple se pose à Montbron.
Alors professionnel de l’animation, Hervé Appiotti se présente au maire, Michel Boutant à l’époque. L’élu n’a pas de poste pour ce néo-Charentais, mais après 7 à 8 mois en tant que père au foyer, le Marseillais se retrouve chargé de mission pour les projets européens à la chambre de métiers ! Il quittera la chambre après un lustre, mais plus la Charente.
Benèze en Charente
De son nouveau lieu de résidence, Hervé Appiotti ne tarit pas d’éloges : « La Charente a taille humaine, avec un fort potentiel environnemental et une excellente qualité de vie, plein d’atouts à commencer par le climat et les paysages. Un havre de tranquillité et de sérénité, et encore plus si on compare avec Marseille/Aix ! ». En le titillant, on réussit quand même à objectiver un peu en soutirant quelques défauts : « Un retard sur les infrastructures, en matière sportive et sur les services à la personne. Un département un peu endormi ou à tout le moins replié sur lui-même, méconnaissant instinctivement l’étranger, voire s’en méfiant… ». Conclusion: un territoire à fort potentiel avec « plein de choses à inventer! ».
Car on ne peut saisir la personnalité de l’animateur socio-familio-culturo-sportif qu’est Hervé Appiotti sans considérer la dimension « projets », qui infuse en permanence dans le bonhomme. Les « choses à inventer » prennent alors la forme de ludothèque, de micro-crèche, de service de garde, d’animations jeux, d’une fête du jeu, d’ateliers parentalité, de restaurant-jeux, de plateaux de foot, etc. L’imagination est au pouvoir, et la constance est là.
Jeu des 4 familles
« Chacun a son sens de la famille. Il peut être cantonné à la famille biologique (femme, enfants, parents, cousins proches…). Mais il y a aussi les familles de projets ! Et pour moi, la « famille » comprend ces deux groupes réunis », explique Hervé Appiotti en prenant l’image de 4 cercles superposés, formant autant d’ensembles se chevauchant sur certains projets : « Le cercle familial strict, le cercle marseillais, le cercle AH Toupie et le cercle football ! ». Le quadriptyque constitutif est prononcé.
Une fois évacués ses principaux défauts -« je parle fort, je parle beaucoup, je n’écoute pas toujours forcément »-, Hervé Appiotti décline aisément ses qualités : « Fédérateur, sociable, sympathique ». Dans cet ordre là. « Disons que je sais assez spontanément amener les gens vers un objectif commun. C’est le point commun à tous les jobs de ma vie! ». Il ajoute enfin la fidélité, « aux valeurs, idées et amis… Avoir de la mémoire, c’est important ! ».
« Il entraîne les autres à s’engager »
Ce côté fédérateur constituant le coeur du personnage est corroboré par bon nombre de ses proches, à l’image de son fils Sandro : « Il est toujours dans une logique de projets, et vecteur de solutions et d’idées. Hyperengageant, il entraîne les autres à s’engager à grands coups d’entousiasme et d’énergie. Et aussi parce qu’il sait donner de la confiance aux autres, revaloriser l’estime et la confiance en soi, tout en restant à la bonne distance. Il sait faire confiance et donc on lui fait confiance, en résumé. Au passage, il devient ainsi facilement le confident de plein de trucs ! »
On retrouve en filigrane les valeurs de l’AH Toupie, association de préfiguration de la petite enfance qui fêtera ses 20 ans le 10 mai prochain, et qui opère aujourd’hui entre autres la ludothèque, la microcrèche, l’espace de vie sociale, le dispositif Monalisa contre l’isolement social des seniors, etc. Hervé Appiotti a beau en être un pilier, il reste dans une logique de transmission à terme : « Ca m’intéresse que ce projet me survive ».
Avec cet outil AH Toupie parfaitement identifié sur le territoire, Hervé Appiotti est connu localement. L’association chazelloise est en effet habituée à opérer en inter-associatif et avec les collectivités : « Ca tourne bien. Ca a beaucoup changé en quelques années, avec l’arrivée de beaucoup de sang frais tant dans les associations que chez les élus. De notre côté, aujourd’hui nous sommes hyper bien staffés », se satisfait-il en tant que manager de la structure toujours prompt à mettre en avant ses équipes et ses bénévoles.
Désormais bien implanté, jouissant d’une image d’homme de terrain, ayant déménagé de Chazelles vers Saint-Sornin, Hervé Appiotti se présentera-t-il un jour à une élection ? Sûrement pas : « Je suis un vacciné de la politique ! J’ai trop vu les dégâts des partis et de la politique… Et puis je n’aurai pas envie de travailler pour les gens qui n’auraient pas voté pour moi ! » rigole-t-il, avant de conclure le chapitre: « Je me sens beaucoup plus utile dans la sphère associative ».
Ours protégeant la famille
Surnommé Wist par sa famille et ses très proches, Hervé Appiotti traîne un sobriquet datant de ses jeunes années en tant qu’animateur de colonie de vacances au début des années 1990, où une de ces animations récurrentes était celle de la chanson du ouistiti. Période d’entrée dans la vie active où il rencontra au passage celle qui allait devenir quelques années plus tard la mère de ses 3 fils. C’est qu’au final, le ouistiti s’est assagi avec l’âge : « Je me sens aujourd’hui plus panda ou ours : doux, rond, gentil et en même temps qui ne se laisse pas faire, qui protège sa famille ».
A 53 ans, l’homme reconnaît ne pas tellement arriver à se projeter dans la vie. Alors il soutient les autres: la génération des enfants qui décollent dans la vie et celle des parents qui se rapprochent aiguillonnés par l’âge. Son objectif ultime quand lui arrivera également dans la dernière ligne droite ? « Que mes enfants soient heureux et que je continue à avoir du temps pour les choses qui me plaisent: voyager en famille ou entre amis ». Simple définition du bonheur !
Le football, un « romantisme » !
Le journaliste ne s’en tirerait pas à bon compte s’il terminait un portrait d’Hervé Appiotti sans un chapitre dédié au football ! Présent à Munich le 26 mai 1993 avec 24.999 autres supporteurs de l’OM, le Hervé étudiant de 22 ans avait fait le déplacement pour soutenir son équipe en finale de la Ligue des champions contre le Milan AC, et s’en remémore encore comme « un truc de fou. J’avais mis toutes mes économies pour pouvoir y aller. Et Marseille est depuis le seul club français à l’avoir gagnée ! ».
En vérité, Hervé Appiotti confie une « vision très romantique du football ». Pour lui, un match doit être simple, agréable, ludique: « Je ne suis pas tellement football compète, mais plutôt football jeu ! ». C’est cette vision qui a entraîné le bonhomme à pratiquer pendant 20 ans à Chazelles (avant de raccrocher les crampons il y a quelques années), et d’y entraîner les petits, avant de passer, jusqu’à ce jour, à ceux de Ruelle-sur-Touvre.