Le musée s’enrichit de nouvelles pièces

Ouvert depuis 2019 à Chazelles, le musée des outils anciens propose 4.400 outils anciens à (re)découvrir. Il se visite toute l’année sur réservation.

Un saut temporel. La caverne d’Ali Baba chazelloise déroule ses 2 grands tapis verts dans un hangar de l’ancienne usine Sucal sur la route de St-Germain-de-Montbron. On y découvre plusieurs espaces muséographiques organisés par métiers, avec chacun leurs odeurs (bois, cuir, graisse…), avec des engins que l’on reconnaît parfois mais avec bien d’autres sur lesquels il faut laisser courir l’imagination pour tenter d’en comprendre le sens.

Comptant parmi les guides possibles, le maire ne manque pas d’anecdotes, comme quand il désigne des « barricots » qu’on croirait sorti de sous le cou d’un Saint-Bernard : « Je demande souvent aux visiteurs pourquoi ils sont placés là avec les outils dédiés aux moissons, alors que l’espace tonnellerie est à l’autre bout ? Certains groupes trouvent, d’autres non… C’est qu’en fait ces barricots contenaient la réserve de vin des longues journées de chaumes, conservée au frais dans la rivière » sourit un maire qui convoque alors le souvenir de la première ivresse de sa vie, alors qu’il s’octroya par mégarde enfant quelques lampées du fameux barricot.

Composée pour moitié du legs initial de Jean-Paul Bousquet, la collection s’est enrichie d’autres dons depuis, précise Jean-Marc Brouillet, à qui le premier donateur, décédé l’année dernière, a transmis le virus des vieux outils et qui depuis entretient la flamme. Parmi les dernières pièces arrivées, le maire présente ainsi une ancienne scie à chantourner des années 1900, qu’il doit encore rénover. « La particularité de celle-ci est qu’elle fonctionne à pédale, comme une machine à coudre » précise l’élu, qui a déniché l’outil sur un vide-grenier à St-Germain-de-Montbron. Autres entrées de l’année, une fraiseuse de 1900 (issue des établissements chazellois Boutin et rénovée par le maire), un soufflet de forge à double piston, des bouchonneuses de bouteilles, une coiffeuse avec son réservoir à eau, une charrue longue (au tronc non équarri), des navettes de métier à tisser. Autant de pièces qui viennent rejoindre le tour à faire des rayons de roues de charrette, les pulvérisateurs en tous genres, les lames, les scies, les pics à loup, les sardines de tente de poilus (en bois)…

Technicien de formation, passionné aimant à passer du temps dans l’atelier du musée pour rénover les trésors chazellois, le maire a-t-il des outils préférés ? « Pas en tant que tel, mais dès lors que c’est lui qui m’a transmis sa passion, j’aurai tendance à privilégier ce banc à planer des années 1900, à propos duquel Jean-Paul nous expliquait à chaque fois qu’il le tenait de son père », répond le maire, en expliquant le principe de cette machine permettant à un seul homme de tourner douelles de barriques ou autres piquets de vigne…

Ce sont donc des centaines d’outils qui se donnent au regard, en une muséographie foisonnante où les objets pullulent, incitant à des visites à plusieurs pour mieux tenter de décrypter le passé. La collection continue de s’enrichir, au gré des dons et des petits achats « coup de coeur ». « Outre le legs Bousquet qui a donné son nom au musée, nous comptons à ce jour 2 grandes familles donatrices, les Dubourg à Landiras (dont la collection est arrivée il y a 3 semaines) et les Dissais à Lencloître, le reste étant surtout constitué d’objets isolés de-ci de-là… » précise Jean-Marc Brouillet, qui se réjouit de constater que les donateurs hors commune apprécient la valorisation chazelloise de leurs collections.

Des pistes d’avenir

Parmi les projets à venir, le musée a toujours l’objectif de migrer un jour vers le centre-bourg, un mouvement prévu dès sa création mais sur lequel la municipalité n’a pas encore avancé, prise par d’autres priorités. « Nous prévoyons par ailleurs de faire des films pédagogiques de promotion des vieux métiers, pour que les visiteurs commencent leur visite par une mise en situation. Ce qui permettrait de les accrocher plus facilement qu’en les jetant de but en blanc dans l’exposition ». Un apport vidéo qui devrait commencer à être tourné lors des prochaines journées du patrimoine où 4 à 5 artisans doivent participer à des animations in situ au musée.

« La volonté de Jean-Paul Bousquet, c’était une valorisation pédagogique de sa collection » souligne un maire devenu gardien de la mémoire, et dont le musée a commencé à prêter des pièces ponctuellement à d’autres collectivités. Et qui rêve en grand : « On aurait moyen de faire un magnifique musée, avec la collection de « gros » outils anciens de la communauté de communes, héritée de l’histoire du Cidil ».

Pratique
Musée Jean-Paul Bousquet
www.outils-mes-amis.com
Visite sur rendez-vous (à partir d’une personne): 3 euros par adulte, gratuit jusqu’à 12 ans. Tél.: 05.45.70.33.08 (mairie).