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L’aventure « JMR » se cherche une suite…

A Saint-Germain-de-Montbron, après plus de 7 ans d’existence, le restaurant-jeux « Jeux me Régale » a tiré le rideau le 24 septembre, et se donne encore 6 mois pour trouver un repreneur.

Le restaurant coopératif cherche un nouveau collectif pour l’animer. / Archives chaz.nfo

Le fond de l’air est humide en cette soirée du 11 octobre, jour d’AG de Jeux me Régale : la maire Danielle Combeau arrive dans la cour de l’école et toise son paulownia fétiche : « Tiens, les feuilles sont tombées… ». « – Oui, mais il est beau, cet arbre ! » répond spontanément Héloïse Vanackere, la présidente de l’AH Toupie (principal associé du restaurant) sur le pas de la porte, tandis que son fils Zachary, coopérateur-serveur-maître de jeu, attend le début de l’AG casque sur les oreilles.

Pilier du service en salle avec ses enfants, Hervé Appiotti récupère pour les remiser les jeux neufs qu’il vendait sur place, son épouse Sigrid s’est mise sur son 31 pour présenter la 1ère AG depuis 2 exercices, une douzaine de coopérateurs sont présents en une ambiance ni triste ni joyeuse, malgré l’enjeu que tout le monde connaît, avec sans doute même parfois une pointe de soulagement.

Sigrid Appiotti (debout au centre) a présenté les 3 derniers exercices, lors de l’AG du 11 octobre, en présence d’une dizaine de coopérateurs et de Danielle Combeau maire de Saint-Germain-de-Montbron (au premier plan).

Le 14 juillet, la présidente de la SCIC et chef de cuisine du restaurant avait dans une lettre aux coopérateurs annoncé sa démission en octobre des deux postes qu’elle occupe. Après avoir été pendant 7 ans le coeur du réacteur du projet, Sigrid Appiotti voyait sa vie et ses envies personnelles évoluer vers d’autres horizons, et ses enfants largement impliqués au projet quitter le foyer. Une évolution touchant également la famille Vanackere et plusieurs coopérateurs du premier cercle.

Trouver un nouveau collectif

Problème: Jeux me Régale étant un restaurant coopératif dont les piliers reposaient sur ces deux familles, une poignée de coopérateurs et beaucoup de bénévolat, le départ de toutes ses forces vives porte immanquablement en germe un impact significatif sur l’exploitation du lieu. « Ces derniers mois, trois tentatives de recrutement pour perpétuer l’activité ont été menées, sans succès » expliquera Sigrid Appiotti durant l’AG.

Elle annonce aussi finalement ne pas démissionner de son poste de présidente de la SCIC, après que le comptable ait souligné que la carence consécutive de bureau qui se profilait en pareil cas l’aurait obligé à nommer sans délai un mandataire judiciaire pour liquider la coopérative.

La structure étant financièrement saine et ses associés ne souhaitant pas perdre le contrôle sur le fruit de ce travail commun, fût-ce pour le transmettre, le bureau est donc reconduit pour 4 ans. Dans les faits, « l’équipe se donne 6 mois pour trouver un repreneur » précise la présidente. « Si une reprise est possible, elle doit s’envisager à échéance mars-avril, il semble en effet important que l’activité ne pâtisse pas d’une saison blanche », précise-t-elle.

Ne pas casser la dynamique. Il apparaît opportun au conseil d’administration de trouver un repreneur avant la nouvelle saison. La coopérative n’a cessé d’investir durant les deux années Covid : la pergola installée par les coopérateurs eux-mêmes en 2020 (année également de l’hôtel à insectes), puis le four en 2021 (880kg à faire passer au-dessus de l’escalier de la cour) acheté notamment grâce aux soutien des aides Covid par ailleurs…

Une nouvelle AG est d’ores et déjà prévue en mars-avril. Le conseil d’administration espère encore d’ici là pouvoir rencontrer d’éventuels repreneurs: « Le projet est viable, avec un potentiel de développement fort, notamment avec l’essor de la Flow Vélo. Mais il faut l’énergie d’un porteur de projet, de préférence organisé en collectif ».

A défaut, cette AG du printemps 2023 pourrait avoir à prendre des décisions définitives.

Dans la dot

« Une clientèle fidèle et variée, composée autant de locaux que de gens de passage, un équipement de qualité, une forte notoriété sur le territoire et au-delà avec un référencement au Guide du Routard depuis 2020, des finances saines, un savoir-faire et des valeurs », liste la présidente pour cerner l’actif à transmettre. Si le statut de SCIC risque de rebuter les éventuels repreneurs enclins à fonctionner en société commerciale, Jeux me Régale a néanmoins des atouts susceptibles de constituer une bonne base de départ pour un collectif. En chiffres, le restaurant avait atteint son point mort avec 50.000 euros de CA annuel en rythme de croisière avant la crise Covid. L’activité est tombée à 33.000 euros en 2020 et 2021, années de confinements, mais a profité d’un fort rebond post-Covid, avec jusqu’à 80 à 90 couverts les soirs d’été.

Le concept du restaurant-jeux pourrait être amené à évoluer en cas de reprise.

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

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