Danseuse professionnelle à Paris, la Chazelloise Morgane Brigaud vient d’en finir avec 9 mois sur les planches du spectacle du Roi Lion à Disneyland Paris, où elle jouait les rôles de lionnes et de hyènes. Retour sur le parcours inspirant d’une jeune fille rayonnante avec ou sans costume.
« Ce fut tristement joyeux », résume sobrement Morgane Brigaud, à propos de la dernière représentation tenue mi-septembre du Roi Lion, spectacle qu’elle jouait à Disneyland Paris depuis janvier avec 7 autres danseurs sur scène, au rythme de 4 représentations par jour.
Se définissant comme « très sociable mais très timide », Morgane Brigaud est souvent comparée à un soleil par ses amis. Installée à Paris depuis l’an dernier, la vingtaine, elle sait bien que ses parents sont encore là pour elle en cas de coup dur mais préfère refuser leur argent. Et ça tombe bien, car l’intermittente du spectacle n’a pas manqué de cachets en 2021.
Tout lui réussit
Morgane est de ces personnes rares, au talent évident auquel s’agglomère un sens du travail abouti. Ajoutez à cela une pincée improbable de rencontres en série, de coups de chance et d’opportunités saisies, comme seuls les gens rayonnants savent les enchaîner, le tout corseté dans l’humilité naturelle d’une personne simplement accessible.
Depuis un an et demi qu’elle est à Paris, elle n’est pas restée inactive. Alors qu’elle travaillait déjà au parc Astérix -où elle a joué la saison estivale, Halloween (dans le rôle de « la petite fille »), puis la saison de Noël-, Morgane postulait pour la « Wow Parade » de Disneyland Paris. Où elle est retenue comme d’évidence.
Mais la magie Disney ne s’arrête pas là : « Deux jours avant la Wow Parade, on m’appelle pour me demander si je ne veux pas jouer sur le spectacle du Roi Lion ! » s’enflamme la danseuse, qui a grandi avec Disney Channel. Et bim, un contrat de 9 mois à la clé !
Le rideau vient de retomber pour la saison. Après donc avoir « bossé comme une acharnée depuis un an et demi », la danseuse vient de s’octroyer quelques jours de vacances en Corse et en Allemagne. « Je mérite de souffler et il est indispensable que j’écoute mon corps », reconnaît celle à qui son caractère passionné impose de faire un vrai break sur les projets, au risque sinon « de ne jamais décrocher ».
Pour la suite, poussée par ses coachs, Morgane Brigaud compte creuser la voie de la comédie. Et de creuser la veine de la chorégraphie, qu’elle a déjà goûtée lors de ses études à Bordeaux ou au festival Mélusine à La Rochefoucauld. « Je suis une artiste parce que j’essaie d’être pluridisciplinaire » répète souvent celle qui explore en ce moment la piste de l’acrobatie. Cette pluridisciplinarité est cultivée à l’envi, comme la preuve du caractère artistique : « Un jour une pub, le lendemain comédienne, le surlendemain chorégraphe, le jour suivant danseuse… Et m’endormir tranquille le soir ».
Du Bandiat à Eurodisney,
une histoire de confiance en soi
Si elle est née à L’Isle-d’Espagnac, la danseuse professionnelle Morgane Brigaud est une pure pousse chazelloise: école à Chazelles, collège à La Rochefoucauld et lycée « à Guez ».
Celle qui « sait depuis toute petite qu’elle ne pourra jamais rester assise toute la journée dans un bureau », fait remonter l’origine de sa passion pour la danse aux « grandes vacances dans la Creuse chez mes arrière-grand-parents paternels ». La drôlesse y partait 3 semaines l’été, et à chaque fois, se faisait plaisir au balloche de la fête du village en dansant comme une forcenée le rock avec son grand-père malvoyant. Cinq étés qui, à l’époque structurante de l’enfance (de ses 5 à ses 10 ans), sont restées dans la mémoire de Morgane comme le marqueur de sa vocation. « Je me souviens encore de chaque détail : la piste de danse, l’orchestre, tout le monde bien habillé, le concours de pétanque… »
Après une décennie de vie, la petite Morgane avait viré « très garçon manqué », explorant les voies du judo et du break dance (une discipline du hip hop). « Je m’ouvre alors l’esprit en termes de types de danses, en autodidacte grâce à une mémoire très visuelle et photographique ». La gamine est alors repérée par Katia Seguin, qu’elle découvre à travers une session de danse classique, en observatrice. « Jamais tu ne me verras ainsi en collants ! » avise d’emblée Morgane à l’attention de sa mère, venue l’accompagner. Deux semaines plus tard, elle y était pourtant, en collants.
Début d’un parcours de professionnalisation de 10 ans
Devenue mascote de la troupe des Sky Dancers, celle qui avait remporté sa première « battle » à 9 ans en enlève encore une autre chez Katia Seguin, part prospecter à Paris avec sa fille Anastasia, se retrouve castée et sélectionnée pour son premier clip muscial au Portugal, puis pour le téléfilm « The Family Show », etc.
« A 13 ans, je passe le casting Disney Danse Talents de Disney Channel ». Elle ne gagne pas mais se retrouve dans les 6 finalistes. Cette étape sera clé pour la jeune Chazelloise, qui se retrouve couvée par le chorégraphe Kamel Ouali : « J’y ai trouvé une ouverture de parole, une écoute, qui m’ont permis alors d’aborder un problème de confiance en soi ».
La jeune fille se lance alors véritablement dans une approche « métier », multipliant les projets (spectacle, vidéo, photo). A 18 ans, elle décroche à Bordeaux (où elle est allée passer son bac) son examen d’aptitude technique en danse contemporaine et en jazz, tous les deux avec mention évidemment. En 2020 à 21 ans, la drôlesse parachève son édifice avec un diplôme d’Etat de danseuse (avec mention, est-ce utile de le préciser ?). La voilà parée pour partir à Paris !