Le musée des vieux outils de Chazelles vient de lancer un concours de dessins destiné aux enfants.
La jeunesse de la communauté de communes La Rochefoucauld-Porte du Périgord renoncera-t-elle à son « mono-outil » qu’est devenu le smartphone pour en ressortir de moins récents -crayons et feutres- et s’en servir pour croquer d’encore plus anciens ? Le pari est lancé depuis le 1er décembre et jusqu’au 31 mars : les 5 – 15 ans du territoire sont invités à oeuvrer, sur le thème « Des outils pour la vie : imagine le travail d’autrefois à la campagne et dessine tes outils et métiers préférés ! ».
Mis en place pour fêter les 2 ans du musée, le concours est né à l’initiative d’Elisabeth Bousquet, fille du collectionneur Jean-Paul Bousquet qui a fait don de sa collection de plus de 2.500 outils dont 1.000 sont exposés à Chazelles. « Il s’agissait de faire quelque chose de gai pour le déconfinement, pour sortir de cette période un peu triste » explique l’instigatrice de l’opération. L’idée lui est venue en repensant à l’inauguration du musée, en novembre 2018 : « Ce jour là, ses petits-enfants ont dessiné les outils et ont montré leur travail à leur grand-père. Comme ils ne connaissaient guère l’utilité de tous ces engins, il leur a expliqué la finalité de chacun des objets qu’ils avaient représentés. Tendant l’oreille, je rigolais sous cape en écoutant ces dialogues surréalistes… Tous ces outils ont totalement disparu des consciences, aujourd’hui un meuble c’est Ikéa et une clé Allen, on ne se rend plus compte de ce qu’en représentait la fabrication » souligne-t-elle.
Transmission intergénérationnelle
Né en 1947 à Angoulême, Jean-Paul Bousquet a fait toute sa carrière de professeur d’EPS au collège Romain-Rolland à Soyaux. Ainsi, il aurait pu cantonner son usage des outils à un sifflet et un carnet de notes, mais avec un père tonnelier, un oncle maître de chai et un grand-père maréchal-ferrant, l’homme a toujours exprimé un intérêt pour les outils manuels. « Il n’a eu de cesse d’en collectionner et d’en remettre à neuf. Cette passion s’est encore accentuée quand il a perdu son père dans les années 1980, la curiosité historique s’est alors doublée d’une nostalgie familiale » décrypte sa fille, qui conserve encore un rabot en forme d’oiseau façonné pour elle de la main paternelle.
Outre l’idée de faire le lien entre deux époques que tout sépare désormais, la suggestion d’un concours visant les enfants vient aussi du métier d’enseignant de Jean-Paul Bousquet. « De par son parcours, mon père rêvait d’une exposition itinérante dans les écoles de France, c’était le projet de toute une vie, tombé à l’eau avec la maladie » commente pudiquement Elisabeth Bousquet. Seule trois expositions auront vu le jour : en 1998 à Chazelles, en 1999 au collège soljadicien puis en 2002 à Balzac.
Une maladie neurodégénérative l’ayant empêché de mener son rêve à terme, Jean-Paul Bousquet, qui vit aujourd’hui dans le Gers près de son fils, peut compter sur sa fille pour tenir le rôle du passeur de mémoire : « Ce concours vise aussi à remettre un peu d’intergénérationnel. Face aux vieux outils, j’ai vu des seniors qui pleurent et des enfants qui adorent » conclut-elle.
Pratique
Règlement du concours sur le site web du musée : www.outils-mes-amis.com