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Un nouveau capitaine aux Serres de Chazelles

Après le départ en retraite du fondateur et de son épouse, le trentenaire Laurent Livernet est désormais seul aux manettes.

« Ca rajoute forcément du stress, parce qu’on passe de 3 personnes à 1 personne en gestion, mais la contrepartie est de pouvoir vivre ses envies », résume Laurent Livernet. Après avoir acheté 50% du capital en 2018, il a finalisé l’an dernier via l’acquisition du solde. Non content de maintenir les 3 salariés déjà présents, Sylvie, Frédéric et Nicolas, il a depuis recruté Ella, qui remplace Maribel Laurin au comptoir depuis le 1er mars, et Dimitri, un saisonnier appelé à faire les renforts en production lors des coups de feu.

« Ma première complexité d’entrepreneur c’est la GRH » reconnaît le repreneur qui fait face, comme bien des patrons depuis Covid, à une pénurie de compétences. « Alors quand on recrute, on forme de A à Z » s’adapte-t-il, remerciant au passage son équipe en place: « Heureusement qu’il restait des anciens qui connaissaient l’entreprise et qui savent ce qu’ils ont à faire. Grâce à eux, les Serres de Chazelles profitent d’une bonne cohésion ».

Réalisant 800.000 euros de chiffre d’affaires annuel, l’entreprise continue dans le sillon tracé qui se caractérise par 3 gandes périodes de l’année : plantes à massif, plants de légumes et pépnière (arbres et arbustes) au printemps, début des plantations l’été pour une vente à l’automne des chrysanthèmes et cyclamen de Toussaint puis poinsettia et autres fleurs d’ornement d’intérieur pour Noël. « Cela dépend des saisons, mais en moyenne, nos productions partent à 50% auprès de grossistes et à 50% en vente directe » résume le nouveau gérant. Permettant d’assurer de gros volumes, les fleurs de Toussaint sont ainsi surtout vendues à des revendeurs tels que les Serres de l’Isle à Périgueux (ex-société soeur reprise par l’ex-associé des Laurin), une grande enseigne de jardinerie et une myriade de petits pépiniéristes indépendants du Sud Ouest. Quant à l’activité de printemps, qui se répartit en pépinière et légumes, elle est très majoritairement le fait de Chazellois.

Grâce aux anciens salariés, les Serres de Chazelles jouissent d’une bonne cohésion

Laurent Livernet

« Nous allons creuser encore la vente directe, et pour cela souhaitons étoffer l’offre en pépinière, mais aussi la diversifier: nous avons ainsi commencé à développer des ventes complémenataires aux végétaux, avec un rayon de graines, et une offre de poterie en terre cuite » détaille Laurent Livernet. Pour cela, il mise sur 2 axes stratégiques : « Renforcer localement notre réputation de producteur, et proposer sur place animations et ateliers. Nous avons ainsi organisé à Noël avec Cédric Maury des Jardins de Laussagne à Vouzan un atelier de création de couronnes de Noël. Nous en projetons un autre le 9 mars pour réaliser une composition florale dans un tressage en osier, et un autre pourrait suivre sur la conception de massifs… L’idée est à chaque fois de former à la création DIY d’un objet qui va puiser aux sources de nos deux compétences (jardinierie et vannerie) », explique Laurent Livernet, encouragé par le bon succès du 1er atelier malgré son aspect payant.

C’est donc auprès des Chazellois fidèles -« le commerce a changé avec Covid, mais pas ici! »- que le premier effort du repreneur va porter, même s’il ne s’interdit évidemment pas de continuer à démarcher des clients professionnels. Sur ce second segment, Laurent Livernet réfléchit à dupliquer à l’avenir aux rosiers le pilier économique constitué par les chrysanthèmes, c’est à dire potentiellement plus de volumes.

En attendant, il attend le beau temps pour formaliser sa plateforme d’extérieur pour les chrysanthèmes, sise de l’autre côté de la route, et qu’il lui faut encore niveler (l’espace anciennement utilisé a été conservé par les epoux Laurin car situé devant leur maison). « Tout doit être prêt pour le 1er juillet! » souffle le jeune homme qui a encore de la caillasse à concasser. « Les chrysanthèmes se font de juillet à la Toussaint, les roses de mars à fin mai » résume-t-il, pour expliquer l’avantage qu’il y aurait à de telles rotations.

Le commerce a changé avec Covid, mais pas ici!

Laurent Livernet

Du côté des investissements, nouvelle génération oblige, charte graphique et site web ont été refaits, une community manager externe recrutée, et les idées sont au vert : « Nous réfléchissons à la question d’un forage d’eau, car nous sommes encore tributaires de l’adduction d’eau potable. Vu que nous consommons près de 8.000m3 annuels, il faudrait une réserve d’au moins 5.000m3 » anticipe le gérant, conscient du fort enjeu qui pèse désormais sur la ressource. Avant ça, ce sera donc l’automatisation de l’irrigation qui sera poursuivie. Déjà initié par ses cédants, le goutte-à-goutte sera généralisé.

Enfin, Laurent Livernet compte réduire les intrants phytosanitaires : « Nous avons mené l’an dernier un test de protection biologique intégrée, à base d’acariens auxiliaires (utilisés contre les thysanoptères, NDLR). Le résultat a été très satisfaisant, donc c’est à refaire et à étendre à d’autres cultures » se satisfait Laurent Livernet.

Contact
Serres de Chazelles
L’Héraudie – 13 route de Vouzan
05.45.70.40.62 – 06.45.78.72.56.

Par Niels Goumy

Journaliste et éditeur de presse, Chazellois depuis 2005.

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